Plusieurs faits témoignent du développement de la société de l’information : le succès du commerce en ligne, le hit parade des patrons du monde high-tech, le développement de nouveaux métiers, les succès et ennuis d’IBM…
Le succès du commerce en ligne en France : L’Acsel (Association pour le commerce en ligne) affiche des résultats satisfaisants, en croissance de 25 %. Un panel de 21 e-commerçants (e-commerce, petites annonces, jeux, musique, presse, vente de contenus en ligne et services financiers) permet de calculer un total annuel des ventes de l’ordre de 18 Md €. Le groupement des cartes bancaires enregistre pour plus de 10,2 Md € de transactions sur des sites français (dont 10 % proviennent de l’étranger). Le portail LeGuide.com confirme cette tendance à l’exportation, mais précise que les exportations concernent principalement les pays limitrophes. Les chiffres de la FEVAD (Fédération e-commerce et vente à distance) sont légèrement différents mais tout aussi optimistes. Une étude de Yahoo Search Marketing sur les 50 000 mots-clés les plus demandés sur son site (dont 51 % sont de nature commerciale) lui permet d’extrapoler sur les futures intentions d’achat (culture/loisirs et informatique devant les voyages et les services financiers).
Les 22.000 membres de CompTIA (Computing Technology Industry Association) votent pour un hit-parade des patrons du high-tech. Ils considèrent à 84 % d’entre eux que Bill Gates est l’homme qui a eu la plus grande influence sur les T.I. depuis 25 ans et que le second est Steve Jobs (Apple) qui réunit 73 % des votants. Les suivants sont loin derrière : Michael Dell, numéro trois (53 %), Linus Torvalds (47 %) est à égalité avec Sergey Brin et Larry Page (Google). John Chambers (44 %), le patron de Cisco arrive en 5° position, en 6° position, Larry Ellison (36 %), le dirigeant d’Oracle, en 7° position, Vinton Cerf (35 %), le co-créateur du protocole TCP/IP, en 8° position, Steve Ballmer (35 %), patron actuel de Microsoft. La première femme n’est qu’en 9° position, c’est Meg Whitman (30 %), la présidente d’eBay, ensuite Craig Barrett d’Intel (28 %), Louis Gerstner Jr. d’IBM (26 %), Jeff Bezos d’Amazon.com (23 %), Scott McNealy de Sun Microsystems (22 %), Leonardo Chiariglione créateur du format MP3 (17 %), Paul Otellini d’Intel (17 %), Carly Fiorina ex HP (14 %), Ray Ozzie de Microsoft (13 %), Mark Hurd de HP (11 %), Tom Anderson et Chris DeWolfe les fondateurs de MySpace.com (10 %), Thomas Friedman du New York Times (4 %), et Marc Benioff de Salesforce.com (3 %). La liste se termine avec Tim Berners-Lee, le créateur du World Wide Web, qui reunit 1 % des votes.
Le développement de nouveaux métiers : récupérateurs de données et nettoyeurs du Web
Chaque année, les spécialistes d’Ontrack démontrent que la récupération des données des disques endommagés est un métier d’avenir. Suite à ces missions « quasi impossibles », ils nous proposent un hit-parade annuel des bêtises et des situations les plus cocasses que leurs clients ont affronté. Le trophée revient cette année à un photographe thaïlandais qui pulvérise de l’insecticide sur son disque dur après avoir découvert qu’il était envahi par des fourmis ; ces dernières n’ont pas survécu, mais les données non plus. Pour tester un parachute, un professionnel y suspend une caméra numérique afin d’enregistrer le vol ; comme le parachute ne s’ouvre pas, la caméra s’écrase au sol mais les données sont récupérées. Préférez-vous l’homme d’affaires australien qui, excédé par son collègue, réussit à désintégrer une clé USB en la lui jetant au visage ou celle qui tombe dans la soupe du bébé ? Plusieurs scientifiques luttent pour des accessits : pour faire taire une tête de lecture qui fait du bruit et y injecter de l’huile, un scientifique anglais perce son disque dur… et perd toutes ses données. Un pêcheur qui s’ennuie en attendant que le poisson morde joue sur son ordinateur et tombe à l’eau. Il est définitivement interdit de baigner les ordinateurs, ou de laver en machine les clés USB. Ces cas loufoques montrent que les sauvegardes systématiques et régulières des données sont indispensables et que l’erreur humaine représente 26 % des sinistres, bien plus que les virus (4 %) et les catastrophes naturelles (2 %).
Lors de la conférence à Paris du Web3, de nouvelles activités sont mises en avant. La recherche d’information que certains internautes appellent « googler » oblige désormais les entreprises à gérer leur « identité numérique ». Les spécialistes entendent par là, « l‘ensemble des contributions et des traces qu’un individu ou une entreprise laissent en ligne, soit volontairement (blog, site institutionnel par exemple), soit involontairement (ce que les autres disent de vous ou de votre entreprise) ». Les entreprises doivent ainsi veiller à ce que les commentaires en ligne ou leur absence soient conformes à l’image qu’elles veulent donner. Maîtriser sa réputation sur Internet est tout aussi difficile que de contrôler les rumeurs qui couraient de bouche à oreille. Des spécialistes offrent désormais de recenser ces traces sur Internet (commentaires sur les blogs suite à un événement, échanges sur les chats sur un produit, mesure de l’exposition du personnel sur les réseaux sociaux : LinkedIn, Viadeo et 6nergie). Des services de notation d’image comme iKarma, Naimz, RapLeaf, The Gorb, TrustPlus ou Venyo, attribuent des notes aux entreprises ou à certaines personnes, de la même façon que les bourses utilisent des agences de notation. TechCrunch.fr propose un point d’entrée unique vers les traces que l’entreprise laisse volontairement en ligne. Ziki.com offre un bon positionnement sur tous les grands moteurs de recherche (Google, MSN, Yahoo!). Facebook offre un service global aux entreprises. Lors des grèves de la SNCF, 25 000 usagers peuvent protester en groupe sur le site et si l’entreprise avait créé sa fiche d’identité elle aurait pu canaliser ces plaintes. Une entreprise peut aussi chercher à faire attribuer une mauvaise notation aux employés de son concurrent ou vouloir se défendre contre des accusations… Les services offerts peuvent aller jusqu’à l’élimination des traces gênantes. Avec un principe de mots clés (associés à un produit ou une marque), Distilled surveille ainsi toutes les demi-heures jusqu’à vingt termes, évidemment contre rétribution. Reputation Defender efface les traces négatives pour 15 euros par trace. La guerre des nettoyeurs du Web ne fait que commencer !
Succès et ennuis d’IBM : Jam session et grève des avatars sur Second Life
L’Association des fournisseurs d’équipements automobiles (Original Equipment Suppliers Association ou OESA) et IBM organisent en mars une première « Jam Session » de 72 heures. Cette réunion virtuelle de fournisseurs, fabricants, constructeurs et lobbyistes spécialisés doit élaborer des propositions par le biais d’un forum virtuel géant, auquel participent des milliers de personnes réparties sur tous les États-Unis. Développé par IBM en 2001, le concept est d’abord utilisé en interne pour des sessions de brainstorming on line (croissance en 2001, qualités du management en 2002, valeurs de l’entreprise en 2003…). En 2006, 60 clients partenaires et 150 000 personnes de 104 pays et 67 entreprises discutent sur les thèmes de mobilité, finance & commerce, santé et environnement avec possibilité de poster des commentaires, de réagir à un message ou d’intervenir avec un service de traduction simultanée. À partir des 46 000 idées fournies, une dizaine d’entre elles vont faire l’objet de recherches approfondies et IBM débloque une centaine de M$ pour leur réalisation. Second Life ne suffit pas, les réunions avec des avatars doivent faire progresser l’entreprise et permettre de résoudre les problèmes actuels… Pourtant, la mondialisation virtuelle présente aussi des inconvénients…
Les syndicalistes italiens de la RSU d’IBM (Rappresentanza Sindicale Unitaria, soit 9 000 salariés représentés) veulent obtenir la revalorisation de leurs salaires et mettent en scène leurs avatars sur le site italien de Second Life. Ils y expliquent qu’après l’échec d’une négociation interne et la suppression d’une prime d’environ 1 000 € par salarié, ils font grève à la place des salariés. La direction d’IBM s’inquiète d’une généralisation de cette action au niveau mondial et surtout en Inde, pays stratégiquement important pour IBM. Avec Second Life, les salariés peuvent désormais punir symboliquement leur patron comme un enfant punit son ours ou sa poupée. Décidément, « nous vivons une époque moderne » !
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Les délocalisations et l’emploi
Les contrats de délocalisations atteignent parfois des montants fabuleux. Début 2007, la mise en œuvre du contrat signé (en décembre 2006) entre Tech Mahindra (SSII de Mumbai) et British Telecom d’un milliard de dollars pour assurer la totalité du support technique de l’entreprise représente un record et le symbole de la montée en puissance dans les services des sociétés indiennes qui, après avoir effectué de la saisie d’information et assuré le fonctionnement des centres d’appels, deviennent des gestionnaires d’activités high-tech de très haut niveau. Seule la non résolution des problèmes de débit et d’infrastructure peut limiter la croissance de cette activité en Inde.
Les délocalisations cessent progressivement de créer des remous médiatiques. Habitude ou lassitude ? Dans le hit-parade des destinations, la Chine monte en puissance (en particulier les villes de Beijing, Dalian et Shanghai). L’étude d’IDC considère qu’elles sont désormais en 5, 6 et 7° position du classement mondial ce qui s’explique aisément par de formidables investissements en infrastructure, et l’évolution des compétences techniques et linguistiques des ingénieurs ; elles devraient se positionner en tête aux environs de 2011. Les prévisions du cabinet Gartner pour 2008 correspondent à une nouvelle « poussée » des délocalisations. Les investissements en cours ou déjà réalisés en 2007 facilitent des décisions de réorganisation des services I.T. avec +40 % aux États-Unis et +60 % en Europe (soit un fort rattrapage). Dans cette hypothèse, le ralentissement de l’emploi high-tech est prévisible. Les prévisions concernent aussi les pays destinataires, principalement les BRIC (Brésil, Russie, Inde et Chine), tous les pays de l’Est de l’Europe (Pologne, Roumanie, Slovaquie, République Tchèque, Hongrie) mais aussi deux pays « nearshore » (Irlande et Espagne), tandis que les pays instables politiquement parlant ont tendance à reculer dans le classement (Pakistan, Philippines, Sri Lanka, Vietnam).
En France, la chambre sociale de la Cour de cassation se prononce le 18 septembre sur la licéité de 94 licenciements effectués en janvier 2002 par une filiale française, Sprague France, de Vishay Intertechnology et qui avaient conduit à la fermeture du site de Tours. Contrairement à ce qui était indiqué dans les lettres de licenciement, les motifs réels constatés par la Cour de Cassation n’étaient pas liés à une réorganisation visant à sauvegarder la compétitivité de l’entreprise mais plutôt à une incitation financière et fiscale de Vishay Israël, ce qui était totalement éloigné des motifs prévus à l’article L321-1 du Code du Travail. La Cour a donc considéré que les licenciements étaient sans cause réelle et sérieuse.
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