TNT : le succès continue… plus ou moins


Lancée en mars 2005, la Télévision Numérique Terrestre (TNT) continuait sa progression accidentée, mais surpassait les attentes en 2006 avec plus de 12 % de foyers équipés[1]. La couverture nationale ne progressait cependant pas aussi rapidement que ce que le CSA souhaitait, et le Président Jacques Chirac créait en mai 2006 un « comité stratégique » pour accélérer le processus. Plus tard, Mr Christian Estrosi, ministre délégué à l’Aménagement du territoire, annonçait que la TNT serait accessible par satellite avant la fin de l’année, une nécessité pour les foyers en zones montagneuses ou isolées qui ne captent pas la TNT autrement. Les personnes démunies seraient également aidées par un « fonds d’accompagnement numérique » qui diminuera le prix de l’installation.

Le vrai coup de pouce sera peut-être donné par le basculement progressif vers le tout numérique à partir du 31 mars 2008, pour s’achever fin novembre 2011. Mais, pour l’instant, la TNT marche plus ou moins bien. Est-ce le résultat du désenchantement avec les chaînes hertziennes existantes ? Peut-être, car la chaîne TNT la plus populaire en 2006, avec une part de marché de 3,8 %, était TMC (selon Médiamétrie). TMC, chaîne monégasque fondée en 1954, dépend tout de même des animateurs de son actionnaire TF1. TF1 a aussi consolidé sa position de leader de la télévision en clair, en prenant une participation de 33 % dans la société AB, propriétaire de la chaîne NT1 en décembre 2006. Nous voyons clairement que les nouvelles chaînes ne sont pas si nouvelles qu’on aurait pu l’imaginer. À côté des chaînes hertziennes (TF1, France 2, France 3, Canal+ en clair, France 5, M6, ARTE) et des deux chaînes parlementaires (LCP-AN et Public Sénat), on trouve en 2006 dix autres chaînes et, parmi elles, seulement trois peuvent être considérées comme indépendantes (NRJ 12, Direct 8 et BFM).

Ces dernières ne sont pas très satisfaites du projet de loi sur l’audiovisuel examiné à l’Assemblée fin 2006, car son article 12 prévoit que les opérateurs historiques TF1, M6 et Canal+ bénéficieront plus tard d’un canal bonus sur la TNT. Selon le CSA « le renforcement de la position des acteurs historiques de l’analogique pourrait fragiliser la situation économique des nouveaux entrants et provoquer ainsi des effets induits de concentration sur le marché de la télévision gratuite. »[2] L’augmentation du nombre de chaînes diminuera le nombre de téléspectateurs qui commencent à regarder la télévision autrement, comme nous l’avons constaté. Mais le renforcement d’opérateurs « historiques » présents sur la TNT leur donne un avantage important auprès des annonceurs publicitaires par rapport aux nouvelles chaînes qui ont fédéré leurs efforts pour combattre le projet de loi, et cet avantage sera crucial dans la période de transition que la télévision va subir.

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Sources : Mediamétrie, GfK et Wikipedia


[1] Focus sur les résultats d’audience de la TNT, nov./déc. 2006, Médiamétrie : http://www.mediametrie.fr

[2] Voir le site du CSA : http://www.csa.fr/infos/textes/textes_detail.php?id=118086


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